Plus de dix ans de pratique et le sentiment parfois que je ne sais toujours pas accueillir et écouter. Ce n’est pas grave je crois et même, j’aime bien ce sentiment qui me garde de m’égarer et étrangement m’apaise. Je ne pense pas faire de mauvaises séances, de mauvais massages, il y a, si je puis dire, comme un « niveau minimum » avec mon expérience. Mais parfois après la séance, un doute me pince; j’ai un flash, une résonance. J’observe que je suis peut-être passée à côté de quelque chose qui aurait pu être plus juste pour la personne (ou même pour moi, dans une certaine mesure, c’est mutuel) ; quelque chose que je n’aurais pas entendu sur le moment, que j’aurais ignoré, encombré, voire dont j’aurais évité l’émergence… Peut-être que c’était bien, peut-être pas, ce n’est forcément la question, ni toujours un problème, en vrai. Par exemple, peut-être qu’à ce moment là du dialogue, j’ai eu un avis, j’ai donné mon avis. Donner un avis, c’est prendre une place, qui aurait pu, qui pourrait être laissée libre, pour l’autre. Ce n’est pas toujours une mauvaise chose d’exprimer un avis, notamment lorsqu’on me le demande – bien que, souvent en effet il me semble que je rends meilleur service à la personne en n’en ayant pas (à condition que mon non-avis soit sincère et vienne aussi du cœur). Ou quand la situation recommande de ré-orienter la personne vers un ou une thérapeute qui me semblerait mieux adapté.e à ses besoins, c’est important de pouvoir formuler un avis. C’est un exemple.

Chaque séance est une leçon et chaque personne m’enseigne. J’observe, pas tant « ce que j’aurais dû faire », mais ce qui se passe en moi, ce qui joue ou a pu joué sur ma disponibilité ce jour, dans l’interpersonnel. J’accepte, qu’il y a peut-être eu un raté ou une lacune, ou pas, mais je choisis aussi de me faire confiance, de faire confiance à la personne qui est venue, à ce qui a eu lieu comme cela a eu lieu, et à ce qui se passe au-delà qui ne dépend pas de moi. C’est à dire, il est important que je fasse bien ce que je propose de faire mais je ne suis pas importante. Passer trop de temps à ressasser ce que j’aurais dû mieux faire, ce serait un peu de l’orgueil, un écran devant l’essentiel.Ce qui est sûr, c’est que la qualité de mes séances dépend de la qualité de mon écoute, et la qualité de mon écoute dépend des conditions que je crée et des moyens (à court terme et long terme) que je me donne pour entrer en séance bien disposée. Ainsi, je prends toujours un temps de préparation avant de vous recevoir en massages, avec une routine simple de qigong dont je parlerai peut-être un autre jour. C’est entre autre pour avoir ce temps que je ne propose pas mille créneaux dans une journée.

Tiens, est-ce qu’un bon accueil, ce serait être comme ces pissenlits? Bien installés dans le sol, égaux tout le jour, sans prétention mais rayonnants, tournés sans volonté vers le soleil qu’ils reçoivent sans discriminer et dont ils renvoient à leur manière, la présence et l’image ? (Je pense à tout cela devant les pissenlits qui me mettent particulièrement en joie ces temps-ci).

Merci de votre confiance.

Catégories : Pensées